La numérisation de l’économie et de la société et la donnéification de la quasi-totalité des activités des personnes connectées ont favorisé l’efficacité économique, élargi l’accès aux moyens de production et de communication et stimulé l’innovation. Ces évolutions ont été extrêmement inégales, tant entre les pays qu’à l’intérieur de ceux-ci, la majorité de la population mondiale n’ayant toujours pas accès à Internet ou ne pouvant pas utiliser cet outil de manière productive pour améliorer son bien-être et ses moyens de subsistance. Ces processus mondiaux qui s’intensifient s’accompagnent simultanément d’une pléthore de risques individuels et de risques collectifs particulièrement mal compris et mal définis qui, s’ils ne sont pas atténués, pourraient entraîner des dommages étendus. Les technologies avancées telles que l’apprentissage automatique et l’intelligence artificielle (IA) se superposant aux inégalités numériques existantes – qui reflètent déjà des inégalités structurelles sous-jacentes – exacerbent les inégalités et sont au cœur de l’un des problèmes politiques les plus épineux de notre époque, à savoir, le paradoxe de l’inégalité numérique.
Ceci a été souligné par le Secrétaire général des Nations unies, António Guterres, qui a décrit la numérisation comme l’un des deux bouleversements sismiques qui façonneront le XXIe siècle, le second étant le changement climatique. Celui-ci a mis en garde contre le fait que ces deux phénomènes aggraveront encore les inégalités s’ils ne sont pas traités d’urgence à l’échelle planétaire.
La COVID-19 a mis en évidence les effets cumulés de l’inégalité numérique sur l’inégalité structurelle sous-jacente. Les capacités inégales des individus et des entreprises formelles et informelles à atténuer les risques économiques et de santé publique associés aux confinements via une numérisation du travail, de la scolarisation, de l’approvisionnement en nourriture ou de l’aide sociale, ainsi que les réponses des États, des grandes entreprises, du secteur privé multinational et du secteur à but non lucratif, ont mis en évidence le rôle central de l’inclusion numérique. Ce n’est pas seulement le cas pour la participation économique en ce qui concerne les opportunités de vie dans l’érosion, la désinformation et le désordre. Ce scénario sombre a été aggravé par la forte incidence de la marginalisation et de la discrimination fondées sur le genre, la couleur de peau et l’origine ethnique, en particulier parmi les réfugiés, qui ne bénéficient pas des filets de sécurité les plus élémentaires, lorsqu’ils existent. Pour mettre un terme à ces tendances négatives et à l’absence de progrès dans la réalisation des Objectifs de développement durable à l’horizon 2030, le Secrétaire général des Nations unies a appelé à refonder le contrat social, ancré dans les droits humains et l’égalité des sexes, afin de rétablir la confiance et la cohésion sociale que les personnes ont besoin dans leur vie quotidienne. Soulignant le caractère central de l’inclusion numérique dans la société contemporaine, le Programme commun, issu de la déclaration de l’Assemblée générale en 2021, appelle à un Pacte numérique mondial (Global Digital Compact) : « Il faut prévoir d’améliorer les mécanismes de gouvernance de façon qu’ils puissent fournir de meilleurs biens publics, faire entrer la protection sociale dans une nouvelle ère – celle d’une protection sociale universelle assortie d’une couverture sanitaire et d’un droit à l’éducation, au développement des compétences, à un travail décent et au logement – et assurer d’ici 2030 l’accès universel à Internet, qui serait reconnu comme un droit humain fondamental ».
Les réalités du sous-développement dans les pays du Sud, combinées à une numérisation rapide, rendent nécessaire l’élaboration et la mise en œuvre de politiques innovantes ainsi que de solutions au problème politique cruel du paradoxe de l’inégalité numérique, qui reflète et amplifie les inégalités structurelles dans les pays en développement, mais qui a également le potentiel de permettre un nouveau pacte social.
Conformément à sa mission d’accélérer l’égalité numérique et la justice des données en Afrique, RIA a élaboré une proposition complète en réponse à l’appel du Secrétaire général de l’ONU pour des contributions concernant le Pacte mondial pour le numérique dans le cadre de l’Agenda commun. Celle-ci soutient qu’une politique numérique transversale et non silencieuse est nécessaire pour reconnaître le rôle central des biens publics numériques de plus en plus mondialisés, qui sont essentiels aux formes contemporaines de participation démocratique et qui constituent des éléments clés et des catalyseurs de la transformation économique. Si les circonstances politiques le permettent, de telles politiques seront essentielles à la reconstruction économique post-pandémique des économies des pays en développement et à la construction de pactes sociaux plus démocratiques, plus inclusifs et plus équitables. Le cadre de gouvernance des biens publics numériques proposé par RIA met en évidence sept domaines qui pourraient contribuer de manière significative à des résultats politiques plus équitables et plus justes :
- L’inégalité intersectionnelle et le paradoxe de l’inégalité numérique
- Les données publiques
- La connectivité, l’accès, le prix, la qualité
- Le commerce électronique, le travail, la fiscalité et protection sociale
- La gouvernance et la justice des données
- La désinformation et les désordres de l’information
- L’IA au service de l’Afrique
Nous vous invitons à prendre connaissance du contenu et à proposer des modifications et des ajouts en utilisant la fonction « commentaires » de notre site web et en participant à une consultation publique en ligne le 6 avril de 14 à 17 heures (Heure d’Afrique Centrale).
Après la finalisation de la proposition le 26 avril 2023, les organisations qui le souhaitent peuvent approuver la proposition ou s’y associer d’une autre manière.